‘’ Un jour, j’irai à New York avec toi, toutes les nuits, déconner, et voir aucun film en entier, ça va de soi, avoir la vie partagée, tailladée, bercés par le ronron de l’air conditionné, dormir dans un hôtel d’éclatés, traîner du côté gay et voir leurs corps se serrer, voir leurs cœurs se vider et saigner, saigner… Un jour, j’irai là-bas… Un jour Chat, un autre Rat, voir si le cœur de la ville bat en toi, et tu m’emmèneras… Emmène-moi ! Un jour, j’aurai New York au bout des doigts, on y jouera, tu verras, dans les clubs il fait noir, mais il ne fait pas froid, il ne fait pas froid si t’y crois et j’y crois, les flaques de peinture sur les murs ont parfois la couleur des sons que tu bois, et puis c’est tellement grand que vite on oubliera que nulle part c’est chez toi, chez moi… Chez nous, quoi ! Un jour, j’irai là-bas… Un jour Chat, un autre Rat, voir si le cœur de la ville bat en toi, et tu m’emmèneras… Emmène-moi ! Un jour… Toucher à ci, toucher à ça, voir si le cœur de la ville bat en moi, et tu m’emmèneras… ! Emmène-moi ! ‘’
Je stresse les filles. Je sens déjà l'odeur du démesuré et j'ai beau aimer le démesuré, après ces trois jours à Carhaix dans le foin, j'ai peur, et j'ai hâte bien sûr, mais j'ai aussi peur que j'ai hâte, et ça brouille ma joie, d'ailleurs mes yeux se brouillent aussi, et je sais pas pourquoi, et ça me fait penser à la première chanson qui, elle, m'a fait penser à Sid, après ce putain de concert du Téléthon, j'écoutais du Louise Attaque, chanson que j'écoutais déjà l'année dernière en partant aux États-Unis, tout se bouscule, c'est fou...
‘’ Ce soir je marche beaucoup, ce soir je t'Aime à reculons, demain je pars pour Londres, demain, il faut croire, je vole... Et je me moque que tu m'aies pas regardée, et je me moque que tu m'aies pas regardée, ce soir sur moi t'as posé les yeux... Ce soir je t'aime, amer, demain je sens, mes yeux se brouillent, demain ne me vient pas très clair, alors ce soir, je vadrouille... Et je me moque, que tu m'aies pas regardée, et je me moque que tu m'aies pas regardée, ce soir sur moi t'as posé les yeux... Ce soir, Je me raconte une histoire ?, demain je te vois pour déjeuner, demain je me demande si ce soir, je ne te voudrai pas pour dîner... Et je me moque, que tu m'aies pas regardée, et je me moque, que tu m'aies pas regardé, ce soir sur moi t'as posé les yeux. ‘’
Mais tout ça, Sid ne s'en rend pas compte. ' S'en fiche de me voir mourir ; je pourrais porter plainte pour non-assistance à personne en danger. ' Sid qui n'a en rien conscience qu'à cet instant précis, je pense à lui. J'ai jamais demandé à perdre le contrôle. Tu sais, vous savez, que la première fois que j'ai entendu sa voix, c'était en revenant des États-Unis l'année dernière ? Je vais me couper du monde. Je ne veux de nouvelles de personne. Je ne veux raconter ma vie à personne. Là-bas j'essayerai des fringues que je n'oserais même pas porter devant vous, des plumes, du vert, du rose, du rouge à lèvres, j'aurai l'air d'une vraie femme et non d'un Peter Pan efféminé, là-bas j'aurai toujours soif de marcher, toujours soif de lumière, toujours soif d'art, jamais sommeil. Le 14 août, je ferai New York-Paris, Paris-Brest, Brest-Le port, Le port-vous, sans m'arrêter, et j'vous raconterai la folie de cette immensité, et si j'ai une petite étoile dans les yeux, c'est que je suis toujours un peu là-bas. Et ce soir-là, il ne faudra pas qu'on croise Sid. Mais on le croisera. Comme à chaque fois.
Sur 150000 personnes, il y en avait une que je ne voulais pas croiser. Minuit et trois minutes. Demain, je suis à New York.
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